Réveil à l'hôtel Florita dans notre grande chambre au premier étage, avec des moustiquaires qui ne nous ont pas totalement protégés des piqûres des petits maringouins haïtiens particulièrement dynamiques, silencieux et à peine visibles.
Dormir au Florita c'est prendre une machine à remonter le temps, nous sommes dans une ambiance fin de 19e siècle. Construit en 1888, quand Jacmel était la ville riche d'Haïti, ville de commerce, c'est ici que les transatlantiques venant du Havre et de Southampton mouillaient.
Il y avait quelques grandes familles qui ont bâti ces superbes « vieilles dames » avec le commerce au rez-de-chaussée, la partie habitée dans les 2 étages et la cuisine et chambres des serviteurs dans la cour. Au 20e siècle, l'un des premiers étrangers venu à Jacmel s'appelait Selden Rodman. New-yorkais né en 1909, écrivain, poète, critique d'art, il acheta la maison après qu'elle est restée vacante pendant 20 ans, pour y vivre plusieurs mois par an et ouvrir une galerie d'art qui existe toujours, et les toiles sont partout. Dans le superbe grand escalier par exemple, un peintre a illustré le tremblement de terre.
Après l'excellent petit-déjeuner, nous avons rendez-vous avec le patron, Jean Ruid Senatus qui nous a accueillis fort chaleureusement et généreusement.
Il vit ici depuis l'âge de 11 ans, bien avant l'activité hôtelière qui remonte à 1999. Rien n'a vraiment été transformé depuis plus d'un siècle. Jean Ruid nous raconte son Florita et la grande époque jacmélienne.
Nous sollicitons même sa jolie petite fille, whitney, pour une lecture enregistrée, elle s'en sort à merveille. Les interviews s'enchaînent au Florita. Jean-Elie Gilles est arrivé. C'est un autre personnage. Historien, poète, professeur de littérature, recteur de l'Université publique du Sud-Est, il nous apprend que Jacmel était une ville juive avec sa synagogue.
Des juifs agriculteurs d'origine portugaise, venant de Bordeaux et Bayonne s'y sont installés. Est ce lié ? Le chandelier du bar dans lequel nous nous prenons notre bière de midi rappelle la ménorah.
Lors des élections de 1957, la population mulâtresse de Jacmel n'a pas soutenu Papy Doc qui dès son arrivée au pouvoir a décidé de « couler » la ville, favorisant le développement de Port-au-Prince. Jean-Elie a fui Haïti sous la dictature d'Aristide, s'installant comme beaucoup d'autres aux Etats-Unis dans le New-Jersey. Il nous apprend aussi que l'Unesco a désigné Jacmel comme ville créative, seule ville des Caraïbes avec Nassau aux Bahamas à avoir été sélectionnée dans cette liste. Il manque les moyens pour restaurer tout le cœur historique, nettoyer les plages et faire de Jacmel une véritable attraction touristique, pas uniquement lors du carnaval où les hôtels affichent complet.
En mi journée nous prenons deux motos taxi pour rejoindre notre bungalow à Cotterelle, à une vingtaine de kms à l'est de Jacmel où nous passerons 3 nuits en bord de mer des Antilles.
Nous y sommes accueillis, là encore fort chaleureusement, par Frantz, rentré lui aussi des Etats-Unis pour ouvrir son Coterelle Breeze, 509 route Marigot. 3 chambres dans des bungalows traditionnels haïtiens. De la chambre à la mer, juste quelques marches à descendre...
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